Le géant utilise désormais des composants chinois pour produire ses appareils.
Depuis plusieurs années, Huawei est la cible de lourdes restrictions américaines. Suspectée d’espionner les États-Unis grâce à ses équipements et d’avoir mis sur écoute leurs bases militaires, la société chinoise s’est vue privée des semi-conducteurs et du matériel de fabrication essentiels à l’élaboration de ses produits. Pour rebondir, Ren Zhengfei, son fondateur, a déclaré, le 24 février, que Huawei a dû procéder au remplacement et à la modification de milliers de composants et de circuits imprimés.
Repenser sa chaîne de production
Lors de sa prise de parole, retranscrite et publiée le 17 mars dernier par l’université Jiao Tong de Shanghai, le dirigeant de Huawei a indiqué que la production de circuits imprimés « s’est stabilisée parce que nous avons une réserve de composants fabriqués localement ». Au cours des trois dernières années, 13 000 composants américains ont été échangés par des semi-conducteurs produits par des manufactures chinoises et 4 000 circuits imprimés pour ses appareils ont été repensés. Selon plusieurs sources, Huawei aurait l’ambition de créer une nouvelle chaîne d’approvisionnement pour doubler sa production de semi-conducteurs au cours des deux prochaines années.
Il a déclaré que le mastodonte chinois a investi 23,8 milliards de dollars en recherche et développement en 2022. « Au fur et à mesure que notre rentabilité s’améliorera, nous continuerons à augmenter nos dépenses en R&D », confiait-il, « nous sommes toujours dans une période difficile, mais nous ne nous sommes pas arrêtés sur le chemin du progrès ». En 2022, avec un chiffre d’affaires de 86 milliards d’euros, le groupe se dirigeait doucement, mais sûrement, vers une stabilisation de ses revenus.
Il a ajouté que la Chine faisait encore face à « des difficultés à produire des puces électroniques » et qu’elle devrait « trouver d’autres moyens pour rattraper son retard ». La Chine importe plus de puces que de pétrole, un point faible exploité par Washington. En octobre, les États-Unis ont drastiquement sévi sur l’export de puces et de matériel pour en fabriquer et fait pression sur leurs alliés pour priver l’Empire du Milieu de ces composants.
Vers un durcissement de l’« Entity List »
À travers son discours, Ren Zhengfei a exprimé sa peine face aux restrictions initiées contre son entreprise par l’administration Trump, en 2019. L’entrepreneur chinois, âgé de 78 ans, qui se dit partisan de la technologie occidentale, a expliqué ne pas avoir su comment réagir lorsque son entreprise a été placée sur l’Entity List. Il s’agit de la liste noire du département du Commerce. Y être inscrit signifie la nécessité d’obtenir une licence pour acquérir des produits d’entreprises américaines.
Au côté de Huawei, symbole des sanctions américaines, 600 autres entreprises chinoises y sont inscrites aujourd’hui. Si Huawei a pu, un temps obtenir un certain nombre de licences, notamment pour commercer avec Intel et AMD, la situation pourrait changer. Sous la pression des républicains, le département du Commerce pourrait se montrer plus restrictif sur les licences. Huawei risque de perdre ses derniers partenaires américains. Malgré ce dernier coup asséné à son entreprise, Ren Zhengfei estimait toujours ne pas être « anti-occidental » lors de sa prise de parole.